10e article pour la rubrique des Ten minutes song! Que faire pour célébrer ce chiffre rond? Et bien comme toutes les planètes sont alignés et que nous sommes le 31 octobre nous allons parler d'un groupe que j'affectionne tout particulièrement: Helloween.

Et tel la grand-mère retraitée qui offre ses sucreries à ses voisins déguisés en sorcières et en fantômes, je vais être très généreux. Car on ne va pas s'intéresser à une, ni à deux mais bien à TROIS chansons de ce groupe Allemand, tout en retraçant la carrière du groupe (de manière simplifiée pour que ce soit digeste).

Helloween est un groupe de Power Metal formé à Hambourg en 1984. Le groupe est l'un des pionniers du genre Power Metal (avec Blind Guardian ou Gamma Ray). Il a presque lancé ce genre à lui tout seul tout en instaurant des règles primordiales à ce dernier (tempo élevé avec de la double pédale, deux guitares qui jouent en harmonie ou qui se répondent, une voix haut perchée avec une certaine théâtralité dans la façon de chanter). Le groupe est formé de Kai Hansen au chant et à la guitare, de Micheal Weikath à la guitare, de Markus Grosskopf à la basse et de Ingo Schwichtenberg à la batterie (surnommé Mr; Smile par ses congénères). Ils sortent en 1985 en EP (Helloween) et un album (Walls Of Jericho) qui lorgnent entre le Heavy et le Speed mais posent les bases de leur son ainsi que l'identité visuelle du groupe, représenté par une citrouille qui sera modifiée selon le thème de l'album (comme Eddy pour Iron Maiden). Ils sont aussi connu pour leur humour car croyez moi aussi bien dans les albums que en live ce groupe ne se prend pas au sérieux. En 1986, Kai Hansen reste à la guitare mais est remplacé par Michael Kiske au chant. Avec ce nouveau membre, Helloween va ajouter une dimension épique avec la voix haut perchée et le charisme de Kiske. Le combo va sortir deux albums devenus cultes dans le monde du Metal: Keeper of the seven keys part 1 (1987) et part 2 (1988). Penchons nous de plus près sur ces albums.

La puissance de Keeper part 1 marche encore malgré la production des années 80! Il n'y a que six chansons (si on enlève l'intro et la conclusion) mais ce sont 6 tueries! On prend une vraie claque à l'écoute de "I'm Alive" et "Twilight of the Gods". "A little time" a un refrain catchy et un passage étrange et effrayant, "A tale that wasn't right" est le slow de l'opus qui fonctionne sans être niais et il y a le tube "Future World" qui est un classique du groupe. Et bien sûr le titre qui marque les esprits est le morceau de 13 minutes "Halloween". Le morceau commence par les Tic Tac du film Halloween de John Carpenter, avec des arpèges saturées et terrifiantes et d'un coup déboule un riff en acier trempé, joué à 300 à l'heure! La structure du morceau est construite avec un couplet ("Masquerade! Masquerade!"), un pré-refrain culte avec son écho ("LISTEN! listen...") et un refrain sur puissant ("AAAAHHH! It's Halloween!") ensuite la chanson va varier entre une ambiance de film d'horreur et des solis de guitares de fou. Le duo Weikath/Hansen nous laisse bouche bée. Ils livrent des solis inspirés, diablement précis et qu'on peut même chanter tellement ils sont bien faits. L'auditeur est un enfant qui part la nuit d'Halloween à la quête de bonbons en exhibant fièrement son costume fait de bric et de broc mais avec beaucoup d'amour ("Grab your mask and don't be late"). Et puis dans les rues, il se passe des choses surnaturels, effrayantes ("In the street of Halloween, there's something going on"). Nous sommes victimes de démons, de fantômes et de squelettes et rien nous garantit que nous allons survivre ce soir.... (And you screeeeaaam on Halloween). L'album se conclut par un morceau orientale avec des murmures de Kai Hansen parlant d'un gardien des sept clés, le personnage mystérieux encapuchonné que l'on voit sur la pochette, protégeant les sept clés dans sa bulle protectrice convoitées par les démons que l'on voit derrière lui, dans l'obscurité. Et il sera question de ce héros au manteau rose dans l'album d'après: Keeper of the seven keys part 2.

Même line up, même grand album! Peut-être un peu moins bon que son grand frère (ce qui ne veut pas dire plus mauvais) avec un morceau en trop et inutile "You always walk alone" mais les autres titres sont encore des bombes larguées à la vitesse de la lumière. Nous avons trois classiques du groupe avec le lyrique "Eagle Fly Free", le Happy Metal "I Want Out" et le rigolo "Dr Stein" qui crée des politiciens et autres monstres saugrenues. Et là encore l'album se termine par un titre de 13 minutes, la chanson éponyme. On constate qu'elle est moins rentre dedans, plus mélodique avec plus de chants. Les paroles ont une importances puisque Michael Kiske raconte la quête du Gardien des sept clés pour jeter les 7 clés dans les mers maudites pour débarrasser la Terre de Satan. Mon préféré des trois morceaux dans cette chronique, beaucoup plus dans la fantaisie, avec une ambiance prenante, une histoire haletante et servi par une musique qui sait ralentir la cadence pour repartir de plus belle. Contrairement à "Halloween", "Keeper" contient moins de solis mais pas mal de mis en place avec des tempos qui varient.Il y a une ambiance épique qui se dégage. Par exemple, le passage du "Disease, disease my friend. Throw the key or you may die" qui s'excite complètement pour ralentir d'un coup et jouer un passage planant et lorsque le Gardien fait face au Diable pour jeter la dernière clé, la musique s'emballe après un dernier"Throw the keeeeyy". Et là les solis explosent! Il y a de la guitare dans tout les sens! Elles se répondent, s'harmonisent pour devenir des twins guitares. C'est mélodique et puissant, tout simplement à pleurer. Et Quand le Gardien a sauvé la Terre (Spoiler) le morceau se termine en apothéose avec Micheal Kiske qui donne tout ce qu'il a vocalement! Et c'est sur une guitare acoustique (qui ouvrait le morceau) que se termine ce chef d'oeuvre du Power Metal. On pourrait résumer le style grâce à ce morceau: un thème de fantaisie, de la double pédale, un jeu rapide et une voix qui nous entraîne dans son histoire. Je considère Keeper of the Seven part 1&2 comme un seul et gros album tellement les deux sont excellents, cohérents entre eux et ont marqué l'Histoire de la musique Metal et les futures formations dans les années 90 (Hammerfall, Edguy, Avantasia, Dragonforce etc...)

Le groupe est son apogée artistique et commerciale mais malheureusement cela ne va pas durer longtemps. En 1989, Kai Hansen, le guitariste et tête pensante du groupe part pour former son groupe Gamma Ray. Le début des années 90 est très compliqué pour le groupe. Les albums suivant sont des échecs: Pink Bubbles Go Ape (1991) et Chameleon (1993) non mais sérieux cette pochette... Et ce malgré l'arrivée du très bon guitariste Roland Grapow. et les malheurs s'enchaînent avec le départ du chanteur Michael Kiske. Le batteur Mr.Smile ne sourit plus et les problèmes mentaux qu'il subissait (il était Schizophrène) s'aggravèrent et le 8 Mars 1995 Ingo Schwichtenberg se suicida en se jetant sous une trame de métro. Le vaisseau Helloween semblait avoir sombré pour de bon...

Mais c'est sans compté l'arrivée miraculeuse du chanteur Andi Deris en 1994! A la base chanteur du groupe Pink Cream 69, un bon groupe de Hard Rock (écoutez l'album One Size Fits All). Sérieusement il y a encore des débats pour savoir qui est le meilleur chanteur entre Michael Kiske et Andi Deris. Pour moi je le dis haut et fort Andi est la voix et le leader qu'il fallait pour Helloween. Je suis d'accord Michael a une belle voix mais Andi a des belles voix. Il sait être rauque, aigu, crooner, être dans la retenu ou alors se lâcher complètement, ce mec sait tout chanter! Il a su sauver le groupe quand il était au plus bas. Helloween recrute un nouveau batteur Uli Kusch et à partir de là le combo allemand sort des albums incroyables, en passant par du Power, Heavy, Speed et aussi de la Pop et du Glam mais toujours avec cette dimension épique et leur humour de cartoon. Je vous conseille le premier album avec Andi Master of the rings (1994), l'excellent Time of the Oath (1996) qui a remis Helloween sur le devant de la scène et qui a fait comprendre à tout le monde qu'il était un des meilleurs groupes de Metal dans les années 90. Tentez aussi Better Than Raw (1998), un peu expérimental pour le groupe mélangeant plusieurs genres (et ils ont même fait une chanson en Latin!) et le sombre The Dark Ride (2000) avec la chanson éponyme qui est ma chanson préférée dans toute sa discographie. Le temps passe et le line-up change et Sascha Gerstner remplace Roland Grapow et Uli Kusch cède ses baguettes à Daniel Löble en 2005.

Et en cette même année, le groupe sort Keeper of the seven keys: The Legacy autant dire que les fans étaient à l'affût et que Helloween avait une pression de malade. L'album est... très bon mais pas excellent. Commençons par les défauts car il y en a peu mais il y en a un qui en impose c'est la longueur de l'album. Pourquoi Diable avoir fait un double CD? Le groupe a voulu être généreux ce qui est cool mais certaines chansons n'ont aucun intérêt, elles ne sont pas mauvaises mais me laissent de marbre ("Born on Judgement Day"; Pleasure Drone"; "The Shade in Shadow"). Alors qu'il y a des titres qui sont excellents! Des chansons catchys, épiques, composé avec brio! "The Invisible Man" avec sa basse en intro et son refrain à chanter à gorge déployer est un super titre (et aurait fait un bon générique de Super Héros je trouve). "Light the universe" est un bon slow chanté en duo avec Candice Night (femme de Ritchie Blackmore), "Mrs. God" et "Come Alive" sont les tubes de l'album; "Get it up" est un bon morceau Happy Metal; "My life for one more day" possède un refrain bien Heavy et "Occasion Avenue" mériterait un article 10 minutes song à lui tout seul tellement il est bon. A la fois sombre et épique c'est un peu une prise de risque pour le groupe qui mélange plusieurs ambiances avec un début comique: le morceau commence avec une voix off qui écoute la radio et ne tombe que sur des morceaux d'Helloween (bonne auto-dérision), il y a les chœurs qui donne de la grandeur au morceau, la voix d'Andi sait être grandiose mais aussi glauque. "Occasion Avenue" est à la limite du progressif et c'est un 10/10 pour moi et l'une des raisons d'écouter cette album. Mais il n'est pas le seul... car il y a le titre d'ouverture "The King for a 1000 years". Je vous le dis tout de suite c'est un titre qui est au même niveau que "Halloween" et Keeper of the seven keys". Il n'y a rien à jeter sur ce morceau qui est un chef d'oeuvre du Power Metal. 20 ans après leur premier album, le groupe arrive toujours à nous donner des claques monumentales de 13 minutes. "The King for a 1000 Years" est plus sombre que les deux autres car il annonce le retour du Diable sur la Terre (et qui semble s'associer avec le Gardien d'après la pochette mais je ne suis pas sûr). Evidemment la production est plus moderne, tout sonne plus propre mais les guitares savent être tranchantes et la batterie claque comme il faut! Là aussi les chœurs sont partout (la voix féminine pendant l'intro acoustique), les chœurs pendant les bridges. Il y a aussi plus d'arrangements, des cuivres, des violons et tout ça mélangé avec du Metal ça rend le tout plus grand, plus fort, plus poignant. On retrouve la majesté du morceau de 1988. Andi se fait plaisir avec sa voix, elle va tout les sens! Tantôt calme, tantôt rauque, grave, éraillé mais aussi haut perché (cette note toute à la fin du morceau, mon dieu!) le climax étant atteint avec "We are King For 1000 years" avec une voix grave modifiée (certainement Satan himself!). Le morceau devient lourd, rampant, obscur à ce moment là. On headbangue mais on sait que quelque chose de grave arrive! Certainement le meilleur passage de la chanson. On peut remarquer la construction n'est pas linéaire. Il y a certes des couplets, pré-refrain et refrain mais placés pas forcément là où on si attend. Il y a plusieurs leitmotiv qui apparaissent pour être réutiliser plus tard de manière ingénieuse. Les guitares sont toujours aussi dingues! Sascha Garstner qui à la base était un guitariste de pop est un véritable guitar hero qui nous sort des riffs lourds et des solis de toute beauté toujours avec Micheal Weikath qui est toujours aussi bon depuis la création du groupe. Le Roi pour 1000 ans est avec l'avenue de l'occasion les meilleurs morceaux de l'opus. Son seul défaut est d'avoir été placé au début de l'album. Certes les musiciens n'ont pas voulu faire une redite et surprendre un peu mais le problème c'est qu'on a l'impression que l'album s’essouffle à la fin. Si on avait jeté trois ou quatres chansons, mit Occasion Avenue au début et "King For a 1000 Years" à la fin on aurait eu un album quasi parfait. Tant mieux pour lui, l'album a cartonné et Helloween nous a offert pour l'occasion un live DVD et CD retraçant la tournée de cet album "Live on Thrée Continents", un super live avec les classiques du groupe, un son super, une image très propre et une très belle conclusion pour la trilogie des "Keepers".

Sauf que non! Il y a un autre titre! Voilà un titre bonus! En 2009, pour fêter les 25 ans du groupe, Helloween livre un best of mais pas comme les autres. Les membres ont décidés de réarranger les morceaux les plus connus dans des styles différents (Pop, Rock'n'roll, Folk etc...) pour les découvrir sous un nouveau jour. Une intention que je trouve intéressante et originale. Sauf que voilà les fans détestent cet album car il n'est pas métal, il n'est pas speed et je trouve ça injuste! L'album n'est peut être pas parfais ("Fallen To Pieces" un classique de groupe?) mais il est honnête! C'est un super cadeau où le groupe s'est cassé la tête et à travailler dans des styles différents et sortir de ses habitudes (Vous savez? Des musiciens quoi...) Et comment on peut détester cet album quand il a un des meileurs titres de Helloween toute période confondue? "The Keeper's Trilogy"! Oui vous avez compris, un medley de "Halloween". "Keeper of The Seven Keys" et "King for a 1000 Years" et avec un putain d'orchestre philharmonique nom de dieu! Pas de guitare juste la puissance d'un orchestre. Sur le papier ça donne la bave aux lèvres et vous savez quoi? La promesse est tenue! Chaque chanson est correctement interprété et avec des durées égales, aucune ne se marche dessus et sans guitares, madame! Bon dieu j'ai des frissons à chaque fois que j'écoute les violons qui reprennent les arpèges horrifiques du début d'Halloween. Les chœurs sont dantesques au refrain!  Le début de "Keeper of the seven keys" est grandiose avec une montée en puissance comme si un héros partait pour une quête incroyable. Et j'ai versé une larme  quand le refrain de cette chanson est joué pour la deuxième fois mais seulement avec un piano, la voix d'Andi fragile et des chœurs en mode gospel. J'ai à chaque fois la gorge serrée quand j'écoute ce passage. "The King for a 1000 yearsé n'est pas si différente de son originale mais marche encore mieux et s'amuse à glisser des passages du morceau "Halloween" (il y en a un très discret pendant le "We are king of fallen men" avec les violons qui rejouent les arpèges d'Halloween). Ce morceau est juste le meilleur cadeau que j'ai pu écouter pour des fans, qui le rejettent... Quel dommage. Je pense en plus, que si l'album avait marché le groupe aurait gardé la structure de ce medley et l'aurait joué en concert tout le temps pour avoir les trois morceaux en un seul. De plus Andi sait chanter les passages de Michael Kiske, rien ne peut l'arrêter ce gars là... Ecoutez cette chanson, redonnez lui une chance, vous ne savez pas ce que vous manquez. 

Aujourd'hui, Helloween arrive toujoursà capter les intentions et à sortir des bons albums. Il a en plus récupérer Micheal Kiske et Kai Hansen ce qui fait plaisir à tout les fans peu importe la période (ce qui clôt le débat Kiske/Deris). Et pour célébrer cette réunion le groupe a sorti un live "United Alive in Madrid qui retrace toute l'histoire du groupe en reprenant un peu de toute les époques (même Pink Bubbles Go Ape!). Une super réunion pour l'un des meilleurs groupes de Power Metal voire de Metal tout court.

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