L'année 1971 est une année importante dans l'Histoire du Rock. Elle a vu l'arrivée de chefs d’œuvre tel que Led Zeppelin IV de Led Zeppelin, Fragile de Yes, Meddle de Pink Floyd et même en France avec Acte II du Martin Circus ou en Grèce avec 666 d'Aphrodite's Child.
Uriah Heep est un groupe phare de cette décennie, un peu délaissé aujourd'hui étant considérant comme un « sous Deep Purple ». Malgré une inspiration de la musique classique et baroque et une volonté de mettre les claviers en avant, les deux groupes ont une approche différente du Hard Rock. Deep Purple est plus rentre dedans et technique, Uriah Heep est plus mélodique et progressif dans ses albums avec un travail des chœurs épiques (avant Queen s'il vous plaît).
Le groupe est d'ailleurs une véritable machine inarrêtable, sortant deux albums studios par an durant les 70's. Look At Yourself est le deuxième album de 1971 faisant suite au magnifique Salisbury, sorti la même année. Ce que l'on remarque avant même d'avoir écouté l'album c'est sa pochette : un miroir déformant la personne qui la regarde, ingénieux car elle est unique selon celui qui la possède mais en plus est raccord avec son titre Look At Yourself (découvrir le morceau).
Cette galette est plus hard que les albums précédents, sept titres diversifiés avec une production plus puissante. Elle contient deux titres qui deviendront des incontournables pour le « Heep » sur scène, le titre éponyme, un morceau hard rock dévastateur qui inspirera des groupes de Metal comme Gamma Ray. Le deuxième est July Morning, le morceau de bravoure de cet album ! Étendu sur 10 minutes 32 secondes, le premier mot qui peut venir en écoutant cette chanson est… Romantique.
L'amour avec un grand A est le thème en toile de fond de cet album, Shadows Of Grief pourrait en être ses excès et le titre final Love Machine en est sa dimension sexuelle (découvrir le morceau).
Le morceau démarre par l'orgue Hammond seul pour laisser ensuite le reste du groupe arriver en trombe. Les couplets sont d'une grande douceur, avec une guitare acoustique en fond, une batterie et des claviers très discrètes laissant le temps à David Byron de poser une voix fragile, pleine d'émotions. Les refrains sont plus hard mais toujours planants avec des chœurs d'une grande beauté : « With the day came the resolution/I'll be looking for you ». Après le deuxième refrain, Ken Hensley exécute un solo très inspiré pour ensuite entendre Byron, grandiose, partir dans les aiguës de façon poignantes. Le final de ce morceau laisse bouche bée, un leitmotiv d’inspiration baroque est répété par les claviers et la guitare Mick Box de manière progressive. Le groupe donne tout ce qu'il a, la batterie cogne de plus en plus fort, la production augmente en puissance et un guest fait son apparition, Manfred Mann du groupe Manfred Mann's Earth Band (second couteau du Hard/Prog 70's) dans un solo de Moog endiablé. Un morceau qui clôt la première face de Look At Yourself d'une façon apocalyptique, ne laissant plus rien sur son passage. Un classique du groupe et un trésor caché à redécouvrir.
Petite mention pour David Byron, un chanteur charismatique oublié de la scène Rock qui n'est pas du tout une pâle copie de Ian Gillan. Il possédait une voix chaude et théâtrale parfaitement en accord avec le style du groupe. Il décède en 1985 pour cause de complications liées à l'alcool, dans l'ignorance la plus totale.
Uriah Heep tourne encore aujourd'hui, il passera d'ailleurs à la Cigale le 22 Janvier 2019. Il a connu beaucoup de changement de line up, laissant Mick Box comme seul membre d'origine. En 2009, le titre July Morning est rejoué avec dans une nouvelle formation du « Heep », avec Bernie Shaw au chant, sur Celebration, un album reprenant et modernisant leur morceaux des années 1970.
July Morning, version d'époque, remastérisé. Ecouter le morceau.
July Morning, nouvelle version. Ecouter la morceau.
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